Bulgarie : l'écologie en danger ?

Le blog des participants à l'atelier de journalisme web à l'université de Sofia, en novembre 2007.

samedi 1 décembre 2007

Simion Pateev : "Je fais ça parce que je cherche de la justice"

Simion Pateev est un étudiant de journalisme 3ème année dans l'université de Sofia et journaliste dans un important quotidien bulgare. Il tient aussi un blog très actif pour attirer l'attention de la société bulgare sur "Natura 2000".


Pourquoi avez-vous commencé à s'intéresser aux problèmes écologiques et en particulier au dossier “Natura 2000”?

Je me souviens la première fois que jai commencé à écrire surNatura 2000”: je marchais dans la rue, je prenais des photos de choses différentes et soudain jai vu un ami qui vient de recevoir un message lui informant dune protestation spontannée en défence de la montagne. En ce temps-là le governеment avait voté une décision qui permettait les constructions dans le Parc National de Strandja.
Quand je suis arrivé, un groupe de près de 200 gens s’était rassemblé: ils portaient des affiches, ils scandaient, ils ont bloqué la circulation. J’ai pris mes photos et puis j’ai fait un reportage que j’ai lancé dans mon blog et c’étaient donc mes premiers pas dans la réflexion des protestations des écologistes.
Après avoir vu cette démonstration, j’ai fait une connaisance plus détaillée avec les problèmes autour de Strandja et avec les décisions du gouvernement sur ce cas. Alors j’ai pris conscience qu’ici il y avait quelque chose d’irrégulier, soit une corruption, soit des intérêts pas trop propres, soit un lobby, et que ce n’est pas normal, ce n’est pas juste et depuis lors j’ai commencé à lutter activement pour cette cause.
De ma tribune – mon blog – j’informe la société du point de vue des écologistes et des actions du gouvernement. Mon but est de former l’opinion public et aussi de documenter les événements pour qu’ils restent dans le temps parce que tels événements importants ne doivent pas être oubliés. Mais mon motif principal pour s’engager au cas “Natura 2000” était le désir de trouver la vérité, de contribuer à la résolution du problème.

Le résultat définitif de cette épopée est la décision prise hier. Pouvez-vous éxpliquer comment ça s’est passé: dans un mois ceux qui y étaient intéressés ont réussi à trouver un truc appelé “des plans de structure“, et ainsi à limiter les territoires préservés de 34% à 20%?

En effet, selon les documents, les zones préservés représentent 34% du territoire du pays mais avec la petite restriction que toutes les zones pour lesquelles il y a des plans de structure détaillés délivrés d’y sont exclues. C’est pourquoi l’année dernière tout le monde cherchait à obtenir très vite un plan de structure.
Et aujourd'hui deux tiers de la côte de la mer Noir, la moitié de la montagne Vitocha et une grande partie de la montagne Rila restent hors de la liste préservée à cause de projets tels que la création de gros villégiatures de ski - “Super-Borovets” et “Panitchichte” et autres. En fait, si on fait un simple compte en soustrant toutes ses zones de la liste de “Natura 2000”, on va voir qu’il restent vraiment seulement 20% de territoires préservés. Et c’est évident qu’ici il y a un lobbysme.
L’Agence d’investissements, qui est une institution de l’Etat, délivre des certificats d’investissements de premier grade, les investisseurs de ce grade jouissent de tout le soutien de l’Etat et ils se mettent d’accord avec le gouvernement pour des constructions de villégiatures, de cités commerçants, d’hôtels, etc. sur des territoires préservés. Le gouvernement est content parce que ces projets-là amènent d’autres investissements et il s’en fous de la nature menacée.
C’est notamment contre cette pratique-là que protestent les jeunes écologistes, c’est pourquoi la société doit exercer une pression sur le pouvoir – en sortant dans les rues et en faisant des procès appeleant les décisions du Conseils des ministres. Bien que, moi personnellement, je n’ai pas confiance de notre système judiciaire. Un des exemples les plus chocants de notre pratique est celui quand la décision du Cours Suprême d’interdire les constructions dans la montagne Strandja était rejetée par le gouvernement. Et on vive dans un pays appelé démocratique, dans un pays avec une séparation des pouvoirs…

Protestation des jeunes écologistes: pris du photo-blog de Simion Pateev

Acceptez-vous cette issue comme une perte personnelle?

Non, je ne l’accepte pas comme une perte parce qu’en fin de compte, grâce aux blogs des gens comme moi, le cas “Natura 2000” a gagné une popularité sociale, les gens étaient informés de ce problème et ont commencé à s’intéresser, a protester, etc. En plus, selon des données inofficielles, les territoires que le gouvernement envisagait à inclure au début dans la liste préservée étaient autour de 15%. Donc, nos efforts n’avaient pas resté vains, mais au contraire, il y a un résultat visible.

Vous avez pris part à une Conférence Internationale des Ministres de l’Ecologie et à une discussion liée à la préservation de la nature à l’aide des IT l’octobre dernier. Pensez-vous que durant cette conférence des idées importantes et utiles ont surgi qu’on pourrait appliquer à notre cas?

La conférence a pris place en Belgrade mais l’occasion n’était tout à fait lié à la préservation des territoires ou à la “Natura 2000”. Des sujets étaient beaucoup plus globals: les gaz de serre et les émissions nocives. La Conférence était fermée donc nous, les journalistes, étions admis seulement aux brifings. Alors c’était juste une comparaison des éco-politiques des pays différents et on n’a pas parlé ni de Bulgarie spécialement, ni de problèmes ou d’idées concrètes.
Le plus important, je pense, est qu’après la conférence j’ai assisté à une discussion des IT-spécialistes de l’Amérique, de l’Allemagne, de la Russie, du Belaroussee et d’autres pays. On a partagé notre expérience sur les façons desquelles les IT peuvent aider pour la préservation de la nature et tout le monde s’est mis d’accord du grand rôle de l’intérnet pour l’information et l’activisation de la société. Presque partout il y avait d’exemples de grandes campagnes initiées par des blogs, par des petitions virtuelles, etc.

On est à la veille d’une appréciation de la part de la Comission Européenne. D’après vous, les experts européens pourraient-ils contribuer au retour des zones rognées dans la liste des territoires préservés?

L’appréciation des experts pourrait aider à notre cause. Je crois que la Comission Européenne va contraindre l’Etat à renvoyer une partie des territoires dans la liste préservée. J’espère que l’avis expert va triompher des intérêts des investisseurs soutenus par l’Etat. Je pense que la montagne de Rila doit être obligatoirement inclue dans la “Nature 2000” et je suppose que peut-être après l’intervention de la CE le pourcentege des territoires préservées serait autour de 25%.

Mais il est très probable que la Bulgarie sera jugé. Pourquoi nous n’avons rien appris de l’exemple triste de la France et de la Grèce qui avaient été jugées par la Comission Européenne pour une réalisation incorrecte du même projet “Natura 2000”?

La Bulgarie n’a été jamais touchée par des amendes. On a déjà subi quelques fois des sanctions ou des critiques pour notre justice, agriculture, instruction. Il n’y a pas une chose qui pourrait sursauter le gouvernement. Il est dirigé plutôt par l’intérêt à court délai – aussitôt, pendant le mandat arranger cet investissement-ci dans cet endroit-là – que par l’intérêt à long terme – préserver et exploiter les territories optimalement pour qu’ils gardent ses resources dans le temps.
Et ça serait compréhensible si la Comission Européenne déclare qu’elle va nous juger ou nous faire payer par exemple comme la Pologne, qui était frappée d’une amende pour la construction d’une autoroute dans un territoire préservé.

La côte bulgare de la mer Noir étouffe déjà par d’hôtels, dans le même temps la construction des gros villégiatures de ski provoquerait une brusque disbalance écologique. Comment, d’après vous, on pourrait arrêter les jeux maffio-politiques, si tant de protestations, des blogs, etc. n’ont pas réussi à le faire?

La pression sociale doit persister et c’est elle qui va jouer un role-clé dans la limitation de ces arbitraires. Pour le moment, elle a seulement provoqué quelque intérêt vers le thème au milieu de certains groupes de gens, parmi lequels des hommes instruits, des juristes, etc. Mais c’est la direction correcte - de ne pas se réfuser, de continuer à intenter des procès dès qu’il y ait un doute de corruption, peut-être de créer un mouvement politique défendant les intérêts écologiques.
Nos buts sont d’attirer un maximum de gens et d’exiger une transparence maximale des institutions. Pourquoi les décisions importantes pour la société sont prises à huis clos? Par exemple pour que le ministre de l’écologie Djevdet Tchakarov puisse voter contre la préservation d’une partie de la zone Hyrakli où l’investisseur Binev qui est proche de certains des ministres et même du premier-ministre veut construire une villégiature. Simple et inadmissible…


La montagne de Rila - zone préservée: pris du photo-blog de Simion Pateev


On sait que la police file les blogs de certains gens qui écrivent sur les événements autour de “Natura 2000” et qu’elle a appelé certains d’eux pour les prévenir que leur activité “dépassait les limites de la loi”. Vous, comme un homme engagé par la cause et comme un bloggeur actif, avez-vous eu des problèmes avec la police?

En fait, les problèmes avec la police ont surgi juste dans le feu des protestations. Alors un collegue - Michel Bozgunov m’a trouvé et m’a raconté qu’il avait été appelé dans la police où il avait été presque menacé pour arrêter son blog sur les démonstrations des écologistes. En plus, il avait vu des pages imprimées des blogs d’autres personnes et y compris le mien.
Bien-sûr on a fait un reportage qui a eu un grand retentissement. Les médias étaient intéressées, la société était indignée, il y avait des discussions, la police était discréditée et le cas s’est tourné contre elle-même. Parce qu’elle a éprouvé une déstabilisation, on était à la veille d’autres protestations sociales, elle a éprouvé que les blogs avaient provoqué des mouvements entre les gens et voulait isoler ces mouvements dangereux, faire peur à cette grande force sociale. Mais ça ne s’est pas passé.
Et moi personnellement, j’ai eu des problèmes avec la police deux fois au cours des démonstrations: je prenais des photos quand les agents m’ont dit que c’était interdit de les filmer. Ils ont pris mes pièces d’identité, voulaient m’arrêter et c’était seulement grâce aux autres collegues d’autres médias qu’on m’a laissé partir.


Et ne croyez-vous que ça c’est une violation brutale sur la liberté de la parole et une tentative de désinformation de la société?

Bien-sûr que c’est une violation sur la liberté de la parole et sur les droits constitutionnels de l’homme. Le Ministère de l’intérieur n’avait pas de raison, a tenté à cacher ses fautes à l’aide de mesures de répression et a échoué. De plus, c’était une tactique “off-line” qu’on a essayé à appliquer aux problèmes “on-line”, c’est-à-dire qu’on a tenté à appliquer de vieux chemas à une nouvelle situation et aux gens modernes – évidemment, ce n’était pas possible.
C’est laid et absurde dans le 21 siècle mais peut-être cette réalité existe parce que notre système politique n’est pas entièrement réformé et la publicité y représente quelque chose d’anormale. Mais je suis heureux que la société réagit et j’espère qu’elle va continuer à se devélopper, à être active et pas inerte et j’espère vraiment que les gens vont continuer à lutter pour des causes désintéressées comme celle-là.


La police en activité: pris du photo-blog de Simion Pateev

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